Hannibal (Serge Lancel)

Serge Lancel, Hannibal, Ceres Edition, Tunis 1999 432 pages 

 Ce livre se présente, non pas comme une fiction, mais comme une biographie du personnage... sauf que la plupart des éléments présentés font l'objet d'un choix entre différentes interprétations, ce qui fait de lui une ouvrage... disons... de semi-fiction.

  Les historiens n’ont pas fini de soupeser les cendres d’Hannibal

 En mettant cette phrase au début de son livre, l’auteur nous prévient de sa fascination pour les différentes interprétations des historiens de l’Antiquité en ce qui concerne la vie et les batailles de son illustre personnage. Comme Vercingetorix en Gaule, il a été un rassembleur pour lutter contre la domination croissante de Rome. Il a perdu et il est mort déchu. Nous aimerions savoir ce qui le motivait et ce qui lui apportait la confirmation de son destin. 

 C’est une étape de la guerre entre deux cités en mal d’empire, Rome au Nord de la Méditerranée et Carthage au Sud. Les deux cités auraient pu se partager le monde Méditerranéen : Rome avec ce qui est devenu l’Europe et Carthage avec l’Afrique. Mais les empires ne peuvent se tolérer. Il faut que l’un disparaisse au profit de l’autre; ou du moins, que l’un aspire toujours à y arriver. Les luttes politiques internes à chacun des empires se livrent sur la façon de traiter l’autre. C’est la politique intérieure qui module celle qu’on pratique avec l’extérieur. (Rien de nouveau sous le soleil !) 

 L’auteur connait bien son sujet. Il a amassé une documentation qui doit être parmi les plus exhaustives. Mais, à moins d’annoncer vouloir nous faire partager son intérêt pour cette documentation, il n’était pas nécessaire de nous en livrer tous les détours et toutes les contradictions. Le livre devrait se présenter, sur sa couverture, comme une thèse de doctorat, et non une initiation à la vie de ce personnage hors-norme. Car il multiplie les hypothèses et les interprétations des auteurs antiques sur chaque geste et chaque bout de chemin emprunté par ses troupes… et ses « célèbres » éléphants. 

    Et c'est là que l'épisode, tel qu'il est rapporté par Tite-Live et Cicéron, apparaît cmme un trait - qui nous est parvenu par l'intermédiaire de Coelius Antipater, la source citée par Cicéron - d'une propagande probablement orchestrée par Silénos. 

Je comprends que les spécialistes se font une grande jouissance intellectuelle de débattre des cols de montagne (ou l’on trouve des reliquats de caca d’éléphants ?) où son héros a perdu bon nombre de ses soldats … et de ses éléphants. Mais cela n’ajoute rien au plaisir que le lecteur souhaite trouver dans la description des stratégies et la narration des actions de ce personnage. 

 Donc, si on a la patience de supporter les élucubrations d’un spécialiste, on peut faire un bout de chemin avec cet « Hannibal ».

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