Le chant d'Achille (Madeline Miller)



Madeline Miller, Le chant d'Achille.Edit.Rue Fromentin.2014.383 pages (BANQ M6491c)

Les études classiques et le cinéma ont fat connaître ce héros légendaire  de la guerre de Troie on a insisté  sur son amitié  (et un peu moins, sur son intimité) avec Patrocle. Il y a les grandes scènes du siege de Troie qui a duré  plusieurs années.
H
Un mois passe, un épuisant mois de nuits fiévreuses et de jours étouffants. Si le visage des hommes est chargé de colère, il n'y a plus d'escarmouches: il fait trop chaud. Ils restent juste allongés dans le noir a se détester mutuellement.

MAIS, ce qui place ce roman en dehors de la liste  de ceux qui se contentent de reprendre les éléments les plus connus de la légende, c'est que l'auteur en consacre une grande partie à la jeunesse d'Achille, sa formation auprès du centaure Chiron, ses complicités avec Patrocle et ses rapports, plus que turbulents, avec sa mère Thetis, une nymphe marine (celle qui, en le plongeant dans l'eau qui devaitle rendre immortel, le tenait par... le talon). Ces personnages ne sont pas que des apparitions en carton pâte; l'auteure les enrichit d'émotions, et même  de passions contradictoires.

Cette histoire est racontée par Patrocle.  L'auteure prend position pour la version d'Eschylle qui voyait les deux jeunes hommes comme amants, contre celle de Xenophon qui les considérait simplement comme amis intimes.


A moins une fois par dîner, son regard accrochait le mien avant que j'aie pu feindre l'indifférence.Ces secondes ou demi-secondes où leur trajectoire se rencontrait étaient les seuls moments de la journée où je ressentais quelque chose. Mon estomac bondissait soudainement, et j'étais saisi d'une bouffée de colère. J'avais l'impression d'être un poisson contemplant l'hameçon avec méfiance.
...

Lorsqu'il se pencha sur moi, la tête encadrée de bronze, il sentait la sueur, le cur et le métal. Je fermai les yeux au moment où ses lèvres - la seule partie de lui qui restait douce - se posèrent sur les miennes. Quand je les rouvris, il n'était plus là.

...

J'esquisse un minuscule mouvement vers lui. C'est un peu comme si j'allais sauter du haut d'une chute d'eau. Jusqu'au dernier moment, j'ignore ce qui va se passer.Je me penche en avant et nos bouches atterrissent maladroitement l'une sur l'autre pareilles au corps charnu des abeilles, douces, rondes et ivres de pollen. Je goûte  ses lèvres, chaudes et sucrées du miel du dessert.Mon estomac frémit, une onde de plaisir brûlant se propage sous ma peau.

Donc, très  intéressant pour les lecteurs qui aiment suivre le developpement pschologique d'une amitié/intimité et le laborieux cheminement vers le choix d'une mort "héroïque"... quand le choix de la mort est le prix d'une gloire "éternelle". (Il faut se rappeler que, pour les Grecs de l'antiquité, il n'y avait pas de separation entre les vivants et les morts.Cela devait aider à accepter de passer d'un état à l'autre !)



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