La fille des templiers (Mireille Calmel)


Mireille Calmel, La fille des templiers, XO Editions.2018. 375 pages (BANQ C164f)

L'éditeur signale , en 4ième de couverture, que l'auteure est "l'une des grandes figures du roman  historique".

Il suffit de parcourir quelques pages pour constater que cette auteur a développé une méthode de narration efficace:

  • un sujet, bien connu, qui recèle  une tradition de mystère : la malédiction qu'aurait lancée le dernier grand maître de l'ordre des Templiers contre le roi Philippe le Bel, sa descendance et ses complices dans le démembrement de cet ordre et la tentative de récupération de son trésor.

  • une addition au mystère : l'origine et la conservation du baume avec lequel un roi de France devait, depuis Clovis, être oint pour être "reconnu par Dieu".

  • un "méchant" (souvent un moine pervers, comme ici) assumant tous les mauvais coups portés contre une ou deux jeunes femmes impliquées, malgré elles, dans cette histoire. 

  • un chevalier servant dont on va se méfier  jusqu'å ce qu'on en tombe amoureux.

  • quelques relents de sorcellerie, pour faire "couleur temporelle" sans, pour autant leur accorder de rôle important dans l'évolution de l'action.

Le roman est construit comme un scénario de film avec des scènes répondant chacune aux règles des unités classiques de temps, de lieu et d'action. Cela ne m'étonnerait pas que les droits de transcription cinématographique ou télévisuelle n'aient pas déjà été achetés par un producteur. On peut retenir,  entres autres chapitres-scènes, celui qui se passe dans la chambre (et le lit) de la maîtresse du roi et, ce qui est beaucoup moins "romantique", celui qui se déroule dans une salle de torture en présence du même roi. Deux beaux morceaux d'anthologie !

Une écriture  rapide. Des phrases courtes. Quelques rares complaisances dans l'accumulation subite de détails qui donne au lecteur le tournis.

Une explosion de parfums lui éclata en bouche, lui ramenant le souvenir de la recette de sa mère : pain, foie, vin, poulet, broyés  ensemble dans le bouillon avant d'être accommodé de verjus, de maniguette, de gingembre et de cannelle, puis enfournés.

Il se sentit prisonnier soudain. Prisonnier  de tous ces gens : chambellans, écuyers, chevaliers, notaires, clercs, mires, chirurgiens, ménestrels, fauconniers, gardes des privilèges,  architectes, lavandiers, panetiers, échansonniers, bailliers, sommeliers,potiers, charretiers, confesseurs, chapelains, aumôniers !

De belles phrases:

Il était devenu aveugle de n'avoir pas voulu voir, sourd d'avoir refusé d'entendre.

Un recours (très  périodique ) à des termes ayant une couleur temporelle.

Il fut un temps où la jeune fille s'en serait ébaubie.

On n'en apprend rien de bien nouveau sur les Templiers. Mais on passe de bons moments en partageant les aventures des personnages principaux. 

Attention: cela s'annonce comme le tome 1. La fin de ce tome est particulièrement décevante pour celui qui ne s'était  pas senti obligé de lire un tome 2.


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