M.O. Modus Operandi 1. La secte du serpent (Nathalie Cohen)


Nathalie Cohen M.O. Modus Operandi 1. La secte du serpent, 2019. Denoel. 248 pages (BANQ C6786m)

Cela s'annonce comme le premier tome d'une série  de "thrillers antiques".

Le personnage principal est un vigile, corps militaire à faible réputation,  chargé de maintenir la paix et de combattre les fréquents incendies durant les nuits de Rome. Cela se passe au début du règne de Néron. On y voit d'ailleurs apparaître ce dernier ainsi que sa mère  Agrippine et son "tuteur" Sénèque.

Son auteure qui enseigne les lettres classiques, se déplace avec aisance dans les rues et les coutumes de la Rome de l'époque. Elle nous y entraîne avec talent, sans alourdir le déroulement de l'action par des descriptions ou des explications qui voudraient démontrer  ses connaissances sans, pour autant, conserver notre intérêt ou pousser notre curiosité vers internet.

Le roman d'une bonne longueur répond aux exigences d'un thriller: un héros sympathique, des amis compréhensifs, des méchants imaginatifs  (mais pas trop..) et des supérieurs qui prendront du temps à accepter les hypothèses du héros.

Il y est question d'empoisonnement, de sorcellerie, d'héritage, de procès… En fait c'est une lutte entre un coupable de l'aristocratie, Lucius Cornelius Lupus, et un humble migrant qui a fui Alexandrie et qui, grâce å la protection d'un aristocrate bienveillant, est devenu citoyen romain et a obtenu cet emploi de vigile. Or c'est cet homme qui est assassiné par son fils. On le sait presqu'au départ. La question, c'est de savoir comment et surtout d'en convaincre les autorités  judiciaires qui ont des raisons de protéger le coupable. Il est tellement plus simple d'en accuser les esclaves de la maison. D'autant plus qu'on a toujours en mémoire la révolte dirigée par Spartacus. 

L'une de ces autorités signale justement une nouvelle réalité  sociale:

D'autant que, ces derniers temps, les esclaves ont une fâcheuse  tendance à remettre en cause leur statut au nom de je ne sais quelle doctrine immonde et égalitariste développée  par des clochards syriens installés dans le Transtiberim, des adeptes d'un certain Christos, un mage oriental ou une merde dans le genre. 

(Il ne s'agit que d'une "couleur temporelle"; ce sujet ne revient pas..)

Pour ceux qui on connu cette ancienne série télé mettant en scène l'inspecteur Colombo (jouė par Peter Falk), on se retrouve avec un criminel du "beau monde" et un humble policier dont le premier a le tort de sous-estimer l'intelligence et la persévérance.

C'est vrai qu'il était plus grand que moi. Plus grand et plus beau. Une statue élancée des plus rares, y compris chez les aristocrates romains bien nourris. Une chevelure blond cendré épaisse, comme celle de sa soeur, et un visage aux traits anguleux mais réguliers, éclairé par des yeux verts aux longs cils, presque des yeux féminins, Tous, hommes et femmes confondus, se retournaient sur lui quand il entrait dans une pièce. On disait que le jeune empereur lui-même  avait voulu en savoir plus à son sujet. En comparaison, je me sentis insignifiant abec ma silhouette banale un peu ventrue, mes jambes que je trouvais trop courtes et mes cheveux bruns en tignasse crépue. Sans parler de mes yeux vairons, un gros complexe qui me valait toutes les moqueries possibles dès qu'on apprenait mon surnom : "Alexander".

En somme, un court séjour dans les rues de la Rome des Césars en contact avec un échantillon de toutes les clases sociales. Et une action rapidement menée sans atermoiements pseudo-cultivés. 

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