Napoléon III, tome 2 (Paul Guériot)
J'avais acheté les deux tomes de l'édition poche chez un soldeur à Paris en 1985. J'avais commencé a le lire durant les déplacements de ce séjour en Europe. Puis je l'avais oublié au fond de ma bibliothèque. Je l'ai retrouvé en allégeant ma collection de livres. Je me suis intéressė au deuxième tome qui traite des dernières années de cet empereur.
Je me suis souvent demandé comment son règne avait pu s'autodétruire d'abord avec la stupide tentative d'imposer un prince autrichien comme empereur en terre mexicaine, puis avec la guerre perdue contre une Prusse dont la stratégie était menée par les très habiles premier ministre Bismarck et général Moltke.
Contrairement à son oncle, Napoléon 1er, cet homme avait tenté de libéraliser son administration. Mais les chicaneries des différents partis appelés à siéger à l'Assemblée finirent par détruire toute possibilité de cohésion nationale en ces temps de confrontation avec la Prusse en pleine ascension.
-... les bavards de la tribune, les matamores de la presse, les péroreurs de cafés et braillards de plein air menaient un tel vacarme qu'ils donnaient l'illusion de représenter l'opinion publique. Entre le souverain et la Nation, entre le Gouvernement et la France qui pense et qui travaille, leur agitation, leurs gestes, leurs clameurs, avaient en quelque sorte dressé un écran, empêchant la vision et le contact directs.
Et, aussi, contrairement à son oncle, il a laissé sa femme jouer un rôle désastreux dans ses décisions politiques… surtout durant les mois précédant la chute du régime.
L'auteur a écrit son livre une soixantaine d'années après les événements. Il est visiblement un admirateur de son sujet. Il accumule les commentaires positifs et les excuses pour les erreurs. On sent qu'il veut "corriger" l'image négative qui entache sa mémoire, en insistant sur le part de ses adversaires dans la construction de cette image et sur l'incompétence de la plupart de ses ministres et généraux (c'est pourtant lui qui les avait choisis !).
-… cet étalage de préoccupations intimes ne s'accordent guère avec le caractère de Napoléon III, qui, par une discipline morale devenue une seconde nature, s'efforçait toujours de cacher sous le calme et la froideur les sentiments dont il était le plus violemment ému.
...-Un jour, raconte A. Filon (son dernier secrétaire)je me permis de lui faire remarquer le contraste entre la clarté parfaite de ses explications orales et l'obscurité de la rédaction. ("Sur les causes de la capitulation de Sedan"). Il me dit avec un triste sourire:- C'est que je veux me justifier sans accuser- J'ai possédé une page de sa main, hachée de cent ratures... Elle portait la trace des généreux scrupules qui avaient agité son âme en écrivant ce récit.
Aujourd'hui, aucun historien ne pourrait se permettre un tel parti-pris å moins de s'avouer un hagiographe.
L'auteur a fait une recherche détaillée dans les archives et correspondances des acteurs. Par exemple, pour expliquer les hėsitations, puis le refus de l'Autriche-Hongrie d'appuyer la France dans sa lutte finale contre la Prusse, l'auteur cite le premier ministre hongrois Andrassy:
-La France a agi comme un cavalier qui proposerait a un ami de l'accompagner dans une promenade et qui mettrait son cheval au galop avant que son compagnon ait eu le temps de seller le sien…
Intéressant pour ceux qui … s'intéressent aux détails de l'Histoire ou au pénible et irréductible cheminement des chefs vers le crépuscule de leur destin.
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