Horemheb : le retour de la lumière (Christian Jacq)



Christian Jacq, Horemheb: le retour de la lumière. X0 Éditions, 2019. 423 pages

Si on peut dire d’un auteur qu’il est “une machine a écrire”, c’est bien de Christian Jacq  qu’on peut le faire. Plus d’une centaine d’ouvrages, dont plus des deux tiers portent sur l’Egypte pharaonique. A peu près tous les pharaons ont fait l’objet d’une biographie romancée sortie de cette machine. Doté d’un doctorat en études égyptologiques, il réussit a tenir la barre scientifique a la hauteur d’une imagination bien encadré. On n’est jamais tenté de mettre en doute ce qu’il raconte, tout en comprenant qu’il “extrapole” pour nous faire partager le quotidien de ses personnages historiques. 

J’ai lu la presque totalité de ses oeuvres sur l'Égypte. Et, malgré mes craintes, il n’a jamais “réussi” à m’ennuyer. J’ai donc abordé cette oeuvre la plus récente avec espoir d’y rester plongé jusqu'à la fin des 423 pages. Et je n’ai pas été déçu. 

Après avoir profité amplement de la popularité de certains pharaons comme Ramsès II et Toutânkhamon, il aborde, cette fois, l’histoire d’un homme peu connu. D’abord simple scribe, Horemheb est devenu général des armées de Toutânkhamon et a réussi à redresser le fonctionnement et le puissance de l’Égypte après le règne catastrophique du “célèbre” Akhenaton et de sa reine Nefertiti. Or ce dernier et sa reine (dont le buste “borgne” conservé au musée de Berlin est reproduit dans presque tous les manuels consacrés à l’histoire de l’Égypte) ont capté les imaginations par leur tentative de changer la religion d’état (certains aimeraient y voir les prédécesseurs du monothéisme de Moïse…) et le naturalisme des représentations picturales qu’ils ont encouragé. On constate que cela s’est fait avec une intolérance et une violence typiques des prophètes auto-proclamés. Ce règne s’est autodétruit par l’ignorance des réalités du pouvoir… comme si le nouveau dieu allait régler tous les problèmes de gouvernance d’un état complexe comme l’était l’Egypte aux prises avec un Sud nubien toujours prêt a se révolter et un voisin Hittite n’attendant que le moment de s’approprier les richesses de cette terre née des sédiments laissés par les crues du Nil. On a relégué le nouveau dieu Aton aux oubliettes et le nouveau pharaon, qui s’appelait ToutankhATON est devenu ToutankhAMON !

Comme le laisse supposer l’analyse de sa momie, Christian Jacq imagine que le jeune Toutankhamon aurait été assassiné par des conspirateurs refusant le retour aux anciens dieux. Le roman raconte la lutte d’Horemheb contre ce groupe qui, dans la clandestinité, se préparait a renverser le nouveau pharaon. Ce dernier est d’abord remplacé par un vieux courtisan qui meurt et laisse la place à Horemheb. Le roman se termine sur sa prise de pouvoir et l’annonce des ressources qui vont, quelques années plus tard, permettre de construire la gloire des Ramsès.

Pour profiter pleinement de ce roman, il faut déjà avoir une bonne idée du fonctionnement de l’état égyptien. L’auteur ne s'embarrasse pas (et nous nous embarrasse pas) de longues explications ayant pour rôle d’illustrer son expertise. Il s’adresse à des lecteurs qui doivent avoir déjà fréquenté le monde pharaonique… et les romans de Christian Jacq. Pour en être, nous avons l’embarras du choix !

Le scribe s’inclina devant la statue de son dieu protecteur, Horus, le faucon céleste, et se recueillit longuement en prononçant des formules de puissance qui proclamaient la victoire de la lumière sur les ténèbres. Entre le dieu et l’humain, l’énergie circula. 

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