Joujou (Eve de Castro)
Eve de Castro, Joujou, Robert Laffont, 2014. 352 pages.
Sur la 4ième page de couverture, on peut lire : “A neuf ans,m Joseph a la naissance. Idéalement proportionné, les traits fins, ravissant. C’est une “réduction humaine”, un liliputien. Doué d‘une intelligence exceptionnelle.”
Le seul nain polyglotte, violoniste virtuose et danseur de menuet. Il est célèbre, recherché par des Altesses, des ministres et des généraux. Mais il n’a pas de biens, pas de rente et tout savant qu’il soit, il ne connaît d’autre métier que celui de jouet.
L’auteure nous fait accompagner ce nain tout au long d’une… longue… vie… marquée par des amours, des amitiés et des déceptions.
Ce n’est pas encore une caresse, ni même la promesse d’une caresse, mais c’est au moins l'espoir d’une caresse.
Nous parcourons, avec lui, l’Europe d’une fin d’époque en habitant les palais des nobles qui ne font que survivre dans les dernières années de régimes qui ont perdu toute raison d’être.
Le défi est intéressant : comment cet être “différent” va-t-il vivre dans ce monde qui n’arrive même plus à trouver sa propre raison… de vivre. Nous nous retrouvons à Vienne, Paris et Londres. Mais c’est tout pareil… pour le lecteur… et pour le personnage.
Certes, c’est un roman historique, parce que cela se passe a la fin du 18ème siècle. Mais les joies, frustrations et déceptions du Joujou sont de tous les temps et de … toutes les grandeurs de personnage.
Très bien écrit. Mais un peu répétitif. D’intéressantes descriptions de personnages rencontrés. De ces nobles dont l’incompétence allait mener l’Europe a des séries de calamités, des massacres de la Révolution françaises a ceux de la première guerre mondiale.
Grand, sec, musculeux, le comte Tarnow a les épaules larges, les cuisses longues, les mains fortes, le teint tanné. Son cou épais tourne au rouge brique quand il s’échauffe.
…
François 1er (pas celui de France, mais d’Autriche)) , roi des Romains, a la paupière lourde, le nez grand, le bas du visage empâté, les joues rouges et la mine de quelqu’un qui rêve d’une bonne sieste.
…
Louis XV est beau. Il ne veut faire que ce qui lui plait…. Il a quarante-neuf ans. Il est bien découplé, la cuisse ferme, le port dégagé, les yeux d’un brun chaud et d’une coupe admirable. Affable, attentif. Secret. Souvent mélancolique. Coléreux. Très intimidant. Sa vie a Versailles et aux Tuileries est réflées a la minute près, mais au milieu d’une audience, au grand couvert, au jeu, son regard s’échappe. Pendant quelques secondes, il est ailleurs. On chuchote que ses nuits sont aussi débridées que ses jours sont contraints.
…
Comme dans l’Olympe, ils sont parents, frères, gendres, cousins des autres dieux assis ici et la. Comme dans l’Olympe ils passent leur temps a se jalouser et a se jouer des tours pendables qui coûtent la vie a beaucoup d’Innocents. Comme dans l’Olympe ils sont oisifs fantasques, splendides, occupées principalement d’eux-mêmes..
Et de jolis rappels du langage en dentelle de l’époque.
Il se pourrait que vous eussiez contracté de votre époux, Madame, une de ces maladies conjugales qui se guérissent en neuf mois...
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