A la table du sultan (Michèle Barrière)
Michèle Barrière, A la table du sultan, Edit. JC Lattes, 2017. 252 pages (BANQ B2557a)
L’auteure est une historienne de la gastronomie. Cet ouvrage est le plus récent d’une série racontant les aventures du maître d’hôtel du roi François 1er. Nous sommes donc au XVIe siècle, à la fin du règne de ce roi que Quentin, le personnage principal, décrit comme
-le plus vivant des hommes, tonitruant, passionné, courant les filles et les cerfs avec la même vigueur.
Mais Quentin, qui a été un ami de jeunesse et un fidèle compagnon des premières années du règne a eu un important désaccord avec le roi. Il est retourné dans ses terres. (L’auteure ne se gêne pas pour nous suggérer la lecture des précédentes aventures auxquelles elle fait référence.)
Et voilà que son fils Pierre, attaché à l’ambassadeur de France à Istanbul, est retenu prisonnier par le vizir du sultan dont il a osé approcher la fille.
-L’appel des corps était parfois si puissant que la raison n’avait plus voix au chapitre.
Avec l’appui de François, notre héros se dirige vers Istanbul afin de tenter de libérer son fils. Le roi lui suggère de gagner la sympathie du sultan en lui cuisinant des plats avec une « bête exotique », la poule des indes occidentales (la « dinde ») qu’on vient d’introduire en Europe à partir des colonies espagnoles d’Amérique, appelées Indes Occidentale. Elle ne vient donc pas plus des Indes que les Amer...Indiens !
Nous accompagnons Quentin dans sa découverte des coutumes quotidiennes du palais du grand maître ottoman. Étant donné la spécialité de l’auteure, on s’attarde beaucoup à ce qui se passe dans les cuisines. A moins d’être un gastronome, ces présentations sont parfois un peu longuettes.
Par ailleurs, la description de la transformation culturelle et … chirurgicale… des jeunes garçons enlevés – et parfois « contribués » par leur famille - pour en faire des eunuques et des janissaires, nous entraîne dans un univers de jeux de pouvoirs dont on ignore souvent la contribution à la survie étonnante de l’empire Ottoman.
-Pourquoi laisse-t-on leur verge aux eunuques blancs ? s’enhardit Quentin.
-Parce que nous ne servons que dans les appartements des hommes. Nous ne sommes jamais en contact avec les femmes.
-Cela signifie-t-il que votre vit peut se dresser ?
-Mais oui, bien sûr… Par contre, nous ne pouvons engendrer. Quand on ne peut pas avoir d’héritier, on ne souhaite pas prendre le pouvoir. Une bonne manière d’avoir des serviteurs dévoués qui ne fomenteront pas de rebellions !
Alors que la réélection du président turque Erdogan entraine souvent les commentateurs politiques à parler de la montée d’un nouveau sultan, le petit livre de Madame Barrière nous aide à pénétrer derrière ce décor sur lequel on jette maintenant un nouvel éclairage.
Le style est enlevé. On pourrait, néanmoins, regretter quelques digressions comme plusieurs pages consacrées au massacre des Vaudois auquel pense le personnage principal en apprenant la mort de son protecteur… Le lecteur a parfois l’impression que certaines pages n’ont été ajoutées que pour atteindre le minimum requis pour l’édition (par exemple, les 4 pages de recettes du Grand Turc emprutées à un autre auteur)…
Le besoin d'accélérer le déroulement de l'action entraîne, malheureusement, l'auteure à conclure un peu trop rapidement. Après s'être repu de descriptions des lieux dans les précédents chapitres, le lecteur doit se contenter d'un dernier chapitre qui le fait passer des jardins du palais au port d'Istanbul et aux rives de France en quelques pages
Mais cela ne devrait pas vous empêcher de vous offrir une aventure … à la turque. Car, malgré ces digressions, l’histoire est menée avec suffisamment de surprises pour vous donner le goût d’y rester… ou d’y revenir le plus rapidement possible.
Le besoin d'accélérer le déroulement de l'action entraîne, malheureusement, l'auteure à conclure un peu trop rapidement. Après s'être repu de descriptions des lieux dans les précédents chapitres, le lecteur doit se contenter d'un dernier chapitre qui le fait passer des jardins du palais au port d'Istanbul et aux rives de France en quelques pages
Mais cela ne devrait pas vous empêcher de vous offrir une aventure … à la turque. Car, malgré ces digressions, l’histoire est menée avec suffisamment de surprises pour vous donner le goût d’y rester… ou d’y revenir le plus rapidement possible.
(Petite note : Je ne savais pas – et j’y ai appris… au passage – que le château de Fontainebleau devait son nom à « Fontaine aux belles eaux ».)
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