Les doutes de Salaï (Monaldi et Sorti)

Monaldi et Sorti, Les doutes de Salaï, Editions Télémaque, trad. fr. 2010. 396 pages.

N'y cherchez pas un nouveau regard sur la vie de Leonardo Da Vinci (originaire de Vinci), sur ses relations (selon l'analyse que lui a consacrée Freud , homophiles et non homosexuelles) avec ses jeunes apprentis. Si celui qui est le personnage retenu est, effectivement, dans les jambes de Leonardo, c'est pour l'embêter, le ridiculiser... et, parfois, le dépanner. Car le Leonardo de ce roman n'est pas des plus brillants !

-.". c'est juste mon parrain il est peintre et il dessine tout le jour un tas de choses difficiles à expliquer des machines pour tomber du ciel..."

-"...j'aime bien dire toujours oui à Leonardo et puis après je fais comme bon me semble, et c'est mieux pour lui parce que sinon je ne peux pas le sortir des ennuis où il se fourre régulièrement."

Les auteurs ont préféré imaginer que le plus délinquant de ces apprentis avait accompagné Leonardo à Rome. Au service d'un noble de Florence, Salaï nous confie ses rapports quotidiens sur l'enquête que mène Leonardo à la demande de Cesar Borgia. Il s'agit de découvrir qui serait à l'origine des "méchantes rumeurs" visant à salir la réputation du pape et de sa famille. 

Salaï nous amène dans les bas-fonds et dans les auberges de la Rome des Borgia. On y poursuit un complot qui pourrait viser à recentrer la chrétienté vers le pays des Tudesques.

-"... ce sont les ennemis de l'Église qui veulent faire le schisme en disant aux gens regardez ce cochon de pape qui vous pique de l'argent avec les indulgences et les impôts, allez faisons-nous notre propre Église rien que des Tudesques des Alamans des Alzatiens des Flamands et caetera..."

Même si Salaï et Leonardo sont entraînés dans les méandres de la politique romaine, cela ne représente pas un grand intérêt... ni pour nous ni pour Salaï... qui écrit...

"... la politique me fait bailler pire que de parler avec une femme quand je viens juste de lui faire un service et que je suis fatigué."

En fait cela ressemble à ces romans dits "de gare" où l'on passe quelques heures avec des personnages se déplaçant dans un univers distrayant parce que différent.

Et Salaï aime bien raconter le talent avec lequel il "rend service" aux dames et servantes qui croisent son chemin.

-"Comparée aux femmes de chez nous on dirait que ces Tudesques ont beaucoup plus de résistance ce qui est un avantage pas négligeable parce que celle-la par exemple me plait tellement que je ne veux pas l'épuiser trop vite et même je vous dis qu'elle tient pourtant mieux la distance que la paysanne de San Godenzo qui a pourtant des melons plus gros parce qu'elle est basse et gironde."

Cet extrait illustre la technique d'écriture retenue par les auteurs (et habilement reproduite par les traducteurs) afin de donner à ce qui est supposé être écrit par un "inculte" l'allure appropriée: de longs paragraphes sans point ni virgile et des fautes d'orthographe répétitives. Cela est d'abord gênant, puis on s'y habitue.

Commentaires

Messages les plus consultés de ce blogue

Theéodora, prostituée et impératrce de Byzance (Virginie Girod)

L'Architecte du sultan (Elif Zhafak)

Blanche (Louise Bachellerie)