Le vol du Régent (Michel de Grèce)



Michel de Grèce, Le vol du Régent, Edit. Jean-Claude Lattes, 2008. 354 pages

Sur la 4ième de couverture:

-Paris, septembre 1792. Alors que la France entière craint la guillotine, le garde-meuble de la place de la Concorde abrite les joyeux de la couronne. Plus de dix mille pierres précieuses et diamants, dont le célèbre Régent, le plus gros diamant du monde, sont là, à portée de main... Une bande de brigands, avec à leur tête un gentleman escroc et une espionne anglaise, va tenter la casse du millénaire.

Je suppose qu'on peut reconnaître à l'auteur un certain... parti-pris. Mais voilà une lumière très éclairante sur les événements qui ont précédé et suivi la chute de monarchie (les retours ultérieurs ayant été, eux-mêmes, "éphémères"). Comme l'explique l'un des personnages:

-D'après ce que je peux savoir, il n'y a pas une seule organisation structurée. Plusieurs groupes, plusieurs associations se sont formés récemment, des hommes de différentes classes et professions, en général des aigris qui reprochent à la monarchie de ne pas leur donner la place à laquelle ils jugent avoir droit: ils veulent être reconnus. Et puis il y a aussi un effet de mode, tout le monde s'attaque à la monarchie, même ceux qui en profitent le plus, d'autant plus que celle-ci ne fait rien pour se défendre.

Pour réaliser leur casse, les principaux personnages nous entraînent dans les différentes classes de la société. Nous assistons aux pires vilenies et aux grandes générosités.

-Nous vivons une curieuse époque. L'ordre établi depuis des millénaires est renversé. On s'attaque à la monarchie, à l'Église, à tout ce qu'il y a de plus sacré. Les vieilles lois sur lesquelles se sont fondés tant et tant de générations sont piétinées. Alors tant d'hommes et de femmes complètement désorientés laissent parler leurs plus mauvais instincts. Ils deviennent envieux et cupides. Plus aucune barrière ni principe ne les retient, ils sont assurés de l'impunité.

L'auteur arrêtent régulièrement la narration du casse pour suivre, dans les bas-fonds de la révolution, l'un ou l'autre des personnages secondaires croisés par les principaux acteurs . 

-...ailleurs dans les prisons l'horreur se poursuivait, d'autant plus atroce qu'elle s'était couverte d'une semblant de légalité. Un huissier nommé Maillard,le pire des fanatiques dans sa froideur et sa férocité s'était érigé en juge. De lui dépendirent la vie et surtout la mort de centaines de prisonniers. Des brigands se mêlèrent aux tueurs et aux massacres s'ajouta bientôt le vol. On s'en prit aux femmes, on les tua, mais d'abord on les viola. On dépouillait les cadavres encore chauds et les piles de corps nus ensanglantés s'élevaient dans les cours des prisons... A la tribune de l'Assemblée, on vantait "la juste vengeance du peuple qui avait bien raison de s'en être pris à des scélérats reconnus."

L'auteur maintient le rythme de l'aventure tout en parsemant celle-ci d'images qui rappellent les aspects horribles d'une révolution menée par des criminels psychopathes (Marat, Robespierre...) . Le peuple français allait finir par se doter, avec Napoléon, d'une nouvelle monarchie. Autre exemple d'une constante historique:  les révolutions sanglantes ne font que remplacer une dictature par une autre.

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